- De la gouvernance vers la « dirigeance » ?
Christophe Clerc, avocat et enseignant à Sciences Po, a ouvert la deuxième journée de l’Université d’automne de la CFE-CGC, en donnant sa définition de la gouvernance d’entreprise « Le fond de la théorie, c’est de donner le pouvoir aux actionnaires sur le reste des composantes de l’entreprise. L’actionnaire n’est pas propriétaire de l’entreprise : c’est la société elle-même qui détient les actifs. L’actionnaire est, lui, propriétaire des actions. »
Les réformes de ces dernières années ont pourtant renforcé le pouvoir des actionnaires sous prétexte qu’ils portent le risque en investissant de l’argent. C’est oublier que les salariés investissent, de leur côté, du temps et des compétences…
En lieu et place du terme de gouvernance, Christophe Clerc propose d’utiliser « dirigeance », un terme qui porte en lui le dire, le parler, le dialoguer, la direction et le sens. Comment pourrait-on passer de la gouvernance à la dirigeance ? « Avec vous, les salariés ! », conclut-il.
- Quête de sens et et de valeurs : quand la génération Z bouscule l’entreprise
« Quand je suis entrée dans le monde du travail, j’ai fait trois jobs en trois ans. J’incarne peut-être la nouvelle génération, celle dont on parle beaucoup, la génération Z, instable, intenable, in-manageable ». Ce sont ces différentes déconvenues qui ont amené Anaïs Georgelin, co-fondatrice et présidente de l’association SoManyWays, à s’intéresser au rapport des jeunes à l’entreprise et aux mutations du monde du travail.
Devant les militants de la CFE-CGC, elle a tout d’abord cassé certaines idées reçues : « On pointe du doigt l’attitude des jeunes, mais c’est le monde du travail qui a changé. Ces changements sont contextuels et non générationnels. On est de plus en plus nombreux à remettre en question les modes de management et la gouvernance, à remettre en question ce qu’on nous propose. »
Transparence, confiance et bienveillance
Face au désengagement et à l’augmentation du taux d’absentéisme, comment fidéliser les jeunes générations ? Anaïs Georgelin prône une révolution culturelle dans les entreprises pour créer davantage d’engagement. Un changement qui se résume en trois piliers : la transparence (information), la confiance (a priori) et la bienveillance (relations saines et constructives).
« L’humain au coeur »
C’est bien la notion de sens et celle de transparence qui doivent donc être réhabilitées, en tenant compte de la spécificité de chacun et du fait que ces notions évoluent tout au long de la vie professionnelle des salariés. La reconnaissance est donc très personnelle. Pour certains, elle repose sur le salaire ; pour d’autres, sur la flexibilité. Créer une nouvelle entreprise individualisée pour mieux construire le collectif, serait-ce donc l’enjeu pour l’entreprise de demain ? Pour Anaïs Georgelin, il ne s’agit pas du caprice d’une génération : « Les organisations qui resteront sont celles qui vont changer, évoluer et mettre l’humain au cœur. »
Cecilia Escorza